Il est clair qu‘au début les aller-retour se font régulièrement mais quand vous commencez à avoir une certaine stabilité, un appartement, vos amis, vos endroits préférés, les aller-retours vous fatiguent. Et ce qui vous fatigue encore plus sont les gens qui vous demandent “Quand rentres-tu?” mais qui jamais eux ne vous demandent quand est-ce qu‘ils peuvent venir malgré les invitations plus que répétées que vous avez lancées il y a de cela bien des mois ou il y a quelques jours. Et a chaque fois les excuses se font de plus en plus ridicules: il fait trop chaud, trois mois de l‘année sur douze le reste de l‘année il fait en gros le même temps qu‘à Paris, je suis très occupé avec mon travail, mes études...parce que moi je me tourne les pouces j‘avais oublié. Pourquoi ne pas comprendre que de rentrer et courir dans tout Paris ou aller ailleurs en France ne ressemble pas vraiment à des vacances mais plutôt à un marathon pour essayer de contenter tout le monde? Et qu‘en plus si vous ne vous déplacez pas è chaque fois et que vous annulez un rendez-vous vous êtes la vilaine méchante. Chacun a sa vie, ses envies et ses priorités mais partir un week end pour voir un de ses amis c‘est très difficile. Il est vrai que Madrid fait partie du tiers-monde et qu‘il relève de l‘expédition militaire à la limite des manoeuvres de la Légion Etrangère que de venir passer un court séjour ici. S‘il vous prennait l‘envie de visiter Madrid n‘oubliez pas les rangers, le réchaud et les pastilles pour désinfecter l‘eau.
Il est tellement plus simple de dire non au lieu de s‘inventer des excuses si pauvres et me prendre gentiment mais sûrement pour une conne. Mais il est vrai que de prendre les gens pour des cons est tellement plus drôle. Et puis laisser l‘abrutie de service faire les efforts comme de payer un aller-retour, les tickets de train ou de métro...c‘est beaucoup mieux et ne jamais lui demander comment est sa vie à Madrid mais passer trois heures à lui raconter ses malheurs de pauvres petits enfants gâtés et capricieux c‘est un vrai bonheur...
Je croyais que les amis et la famille étaient les êtres les plus precieux et ceux sur lesquels vous pouviez compter réellement si quelque chose changeait dans votre vie? A priori comme Descartes qui c‘est trompé sur le sens commun qui était sensé être la chose la mieux partagée au monde, je me suis trompée sur la place de certaines personnes dans ma vie. Quoi de mieux que de partager ce qui fait votre vie avec ceux qui vous sont chers? Eh bien le partager avec vous-même et avec les nouvelles personnes qui font parties de votre monde puisque certaines qui en faisaient parties disparaissent ou vous decoivent c'est aussi bien.
D‘autres, pour d‘obscures raisons, vous poursuivent afin de vous faire rentrer: un travail alléchant avec un salaire dont tout le monde rêverait...mais qui ne vous fait pas rêver parce que vous aspirez à autre chose. Mais malgré des explications, des discussions sans fin puisque relayées au rang de dialogues de sourds, le message ne passe pas. Que faire? Se facher avec une des personnes qui a le plus marquée votre vie depuis bien longtemps? Des fois je me demande si la vraie raison d‘un interêt si fort n‘est pas: "comme je ne peux pas l‘avoir pour moi, j‘essaie de trouver un autre moyen pour qu‘elle soit mienne". Un peu malsain non? Mais en même temps il ne serait pas le premier.
Ne vous déplaise braves gens, ma vie madrilène me plait. Je suis partie seule, dans un pays que je connaissais pas, sans parler la langue et sans aucuns repères. Je me suis battue et je me bas encore contre mes propres démons et maintenant je dois aussi me battre contre la médiocrité et la puerilité de personnes a qui je pensaient pouvoir faire confiance.