Je vais souvent me promener dans le parc ou nous allions quelques fois, a Nuevos Ministerios. Il travaillait ici et moi je le rejoignais. J’habitais alors juste à côté. Sur l’immeuble l’enseigne Axa Seguros a disparu. Comme lui. Mais il est là avec moi ; je revois son visage, je sens sa main qu’il passait sur mon visage. J’entends le son de sa voix. Je n’avais besoin de rien d’autre ; juste de cette sérénité qui m’envahissait lorsqu’il était avec moi. J’avais confiance en lui et je ne sais toujours pas pourquoi. Peut-être parce qu’on se ressemblait. Finalement peut être qu’on ne se ressemblait pas tant que ça. A bien y réfléchir on se ressemblait peut être trop. Mais moi je n’aurais pas disparue sans dire au revoir, sans une explication. Il a manœuvré comme un chef ou bien ses amis l’ont-ils aidé à manœuvrer ? Pas un jour ne passe sans que je ne pense à lui. Je l’entends me rappeler à l’ordre quand je suis malade, je l’entends essayer de me convaincre sur la situation économique du monde...Sa voix se fait de plus en plus lointaine et les traits de son visage aussi mais il y a parfois cette crampe qui me prends à l’estomac, cette montée de stress, d’adrénaline qui me retourne le cœur rien que de penser à lui.
Je ne crois pas au vieil adage « loin des yeux loin du cœur ». La distance distille certaines pensées, certains sentiments c’est vrai mais elle est parfois comme l’huile qu’on jette sur le feu. La brûlure se fait plus forte, plus vive et vous consume jusqu’à la destruction. Pourquoi s’accrocher au passé, à des sensations si éphémères et si volatiles ? Ne dit-on pas Carpe diem ? Qu’il est difficile de vivre et de profiter au jour le jour sans se soucier du passé tout en conservant l’expérience qui nous permet d’avancer et de mieux choisir. Mieux choisir ? Profiter ? Quelle solution facile à appliquer : ne jamais s’engager, ne pas s’impliquer et laisser les événements glisser sur nous. Quel divertissement ! Mais ça ne dure qu’un temps car je finis par trouver cela pathétique, triste et passablement ennuyeux. Nous consommons les êtres vivants comme nous le faisons d’un morceau de pain ou d’une télévision : ça ne fonctionne plus ? Qu’à cela ne tienne on va changer. Comme un vulgaire placébo nous traitons les signes visibles, les symptômes mais jamais nous ne traitons les causes réelles des problèmes. Pourquoi faire ? Il est tellement plus simple de reculer devant un obstacle, de le contourner plutôt que d’essayer de faire sauter certains verrous ou de chercher pourquoi cet obstacle ce dresse devant nous, à l’instant T. Pourquoi ne pas tenter de comprendre ou de trouver une solution ? Je reconnais qu’il est fatiguant de se battre en permanence pour essayer d’entrer dans le monde de l’autre et que parfois il n’y a rien à chercher ni rien à comprendre. Il me semble pourtant qu’un minimum d’efforts n’est pas une chose vaine. Bien au contraire.
Je me demande souvent pourquoi l’altérité nous effraie. Pourquoi tout le monde refuse de prendre des risques quelque soit le domaine abordé ? Ce qui nous échappe nous effraie mais nous attire aussi. Non ? Les enfants, les adolescents, les adultes se grisent de sensations fortes tous les jours. Mais la tendance actuelle ressemble plus à je fais un pas en avant, je me grise mais je ne me soûle pas ; des fois que je perde le contrôle ou que je découvre quelque chose qui me plaise et dont je ne parviendrai plus à me séparer ou à garder mes distances. La vitesse est grisante parce qu’interdite, parce que dangereuse, parce qu’elle donne cette sensation de liberté. Tellement de sensations, si éphémères soient-elles, nous portent vers un état d’extase où le monde environnant disparaît. Où plus rien ne nous paraît impossible. Vivez comme vous en avez envie et il y aura toujours un détracteur pour vous rappeler à l’ordre pour essayer de vous faire entrer dans sa réalité, dans son modèle parce que vous l’effrayez. C’est la situation que j’ai vécu lors du mariage de ma sœur. Je suis l’ainée, je suis célibataire, je papillonne et je ne vis pas en France. Quelle traitresse ! Mais ne serait-elle pas lesbienne ? Ou frigide ? En Espagne : quelle pétasse ! Elle plaît plus que nous et à nos amis en plus ! La petite Française entre dans un groupe non pas parce que les femmes ont donné leur accord mais parce que l’un d’entre eux en est amoureux. C’est mal ! C’est pécher ! Je ne respecte pas leurs schémas alors je suis le vilain petit canard ?
Je vous rappelle que le vilain petit canard se transforme en un cygne majestueux à la fin du conte alors peut être aurais-je un jour une chance de me racheter à leurs yeux ? Ou peut-être est-ce moi qui leur laisserai une chance de se racheter de toutes les saloperies qu’ils m’ont faites ou dites ? Et si ce jour-là était passé ? Si j’étais fatiguée de me justifier de mes choix, de leur pardonner le mal qu’ils m’ont fait ou qu’ils continuent de me faire ? Les phrases assassines, les rancœurs, les insultes, les tromperies et autres mensonges ?
1 commentaire:
Crois que cela en vaille la peine de pardonner ?
J'émets de très forts doutes.
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