mardi 9 septembre 2008

Ras le bol?

Ces longs mois d'absence du blog m'ont permis de mûrir quelques idées. Ce ne sera pas du goût de tout le monde mais au moins ça aura le mérite d'être clair. Vous sentez-vous visé? Dommage!
Vivre à l'étranger comporte des avantages et des inconvénients. Un de ces inconvénients vient des personnes les plus proches de vous: pourquoi ne comprennent-ils pas votre choix? Pourquoi n'arrivent-ils pas a se mettre dans la tête que votre vie est ailleurs? Hypocrisie? Envie? Egoïsme ou crétinerie?

Il est clair qu‘au début les aller-retour se font régulièrement mais quand vous commencez à avoir une certaine stabilité, un appartement, vos amis, vos endroits préférés, les aller-retours vous fatiguent. Et ce qui vous fatigue encore plus sont les gens qui vous demandent “Quand rentres-tu?” mais qui jamais eux ne vous demandent quand est-ce qu‘ils peuvent venir malgré les invitations plus que répétées que vous avez lancées il y a de cela bien des mois ou il y a quelques jours. Et a chaque fois les excuses se font de plus en plus ridicules: il fait trop chaud, trois mois de l‘année sur douze le reste de l‘année il fait en gros le même temps qu‘à Paris, je suis très occupé avec mon travail, mes études...parce que moi je me tourne les pouces j‘avais oublié. Pourquoi ne pas comprendre que de rentrer et courir dans tout Paris ou aller ailleurs en France ne ressemble pas vraiment à des vacances mais plutôt à un marathon pour essayer de contenter tout le monde? Et qu‘en plus si vous ne vous déplacez pas è chaque fois et que vous annulez un rendez-vous vous êtes la vilaine méchante. Chacun a sa vie, ses envies et ses priorités mais partir un week end pour voir un de ses amis c‘est très difficile. Il est vrai que Madrid fait partie du tiers-monde et qu‘il relève de l‘expédition militaire à la limite des manoeuvres de la Légion Etrangère que de venir passer un court séjour ici. S‘il vous prennait l‘envie de visiter Madrid n‘oubliez pas les rangers, le réchaud et les pastilles pour désinfecter l‘eau.

Il est tellement plus simple de dire non au lieu de s‘inventer des excuses si pauvres et me prendre gentiment mais sûrement pour une conne. Mais il est vrai que de prendre les gens pour des cons est tellement plus drôle. Et puis laisser l‘abrutie de service faire les efforts comme de payer un aller-retour, les tickets de train ou de métro...c‘est beaucoup mieux et ne jamais lui demander comment est sa vie à Madrid mais passer trois heures à lui raconter ses malheurs de pauvres petits enfants gâtés et capricieux c‘est un vrai bonheur...

Je croyais que les amis et la famille étaient les êtres les plus precieux et ceux sur lesquels vous pouviez compter réellement si quelque chose changeait dans votre vie? A priori comme Descartes qui c‘est trompé sur le sens commun qui était sensé être la chose la mieux partagée au monde, je me suis trompée sur la place de certaines personnes dans ma vie. Quoi de mieux que de partager ce qui fait votre vie avec ceux qui vous sont chers? Eh bien le partager avec vous-même et avec les nouvelles personnes qui font parties de votre monde puisque certaines qui en faisaient parties disparaissent ou vous decoivent c'est aussi bien.

D‘autres, pour d‘obscures raisons, vous poursuivent afin de vous faire rentrer: un travail alléchant avec un salaire dont tout le monde rêverait...mais qui ne vous fait pas rêver parce que vous aspirez à autre chose. Mais malgré des explications, des discussions sans fin puisque relayées au rang de dialogues de sourds, le message ne passe pas. Que faire? Se facher avec une des personnes qui a le plus marquée votre vie depuis bien longtemps? Des fois je me demande si la vraie raison d‘un interêt si fort n‘est pas: "comme je ne peux pas l‘avoir pour moi, j‘essaie de trouver un autre moyen pour qu‘elle soit mienne". Un peu malsain non? Mais en même temps il ne serait pas le premier.

Ne vous déplaise braves gens, ma vie madrilène me plait. Je suis partie seule, dans un pays que je connaissais pas, sans parler la langue et sans aucuns repères. Je me suis battue et je me bas encore contre mes propres démons et maintenant je dois aussi me battre contre la médiocrité et la puerilité de personnes a qui je pensaient pouvoir faire confiance.

Le vilain petit canard

Je vais souvent me promener dans le parc ou nous allions quelques fois, a Nuevos Ministerios. Il travaillait ici et moi je le rejoignais. J’habitais alors juste à côté. Sur l’immeuble l’enseigne Axa Seguros a disparu. Comme lui. Mais il est là avec moi ; je revois son visage, je sens sa main qu’il passait sur mon visage. J’entends le son de sa voix. Je n’avais besoin de rien d’autre ; juste de cette sérénité qui m’envahissait lorsqu’il était avec moi. J’avais confiance en lui et je ne sais toujours pas pourquoi. Peut-être parce qu’on se ressemblait. Finalement peut être qu’on ne se ressemblait pas tant que ça. A bien y réfléchir on se ressemblait peut être trop. Mais moi je n’aurais pas disparue sans dire au revoir, sans une explication. Il a manœuvré comme un chef ou bien ses amis l’ont-ils aidé à manœuvrer ? Pas un jour ne passe sans que je ne pense à lui. Je l’entends me rappeler à l’ordre quand je suis malade, je l’entends essayer de me convaincre sur la situation économique du monde...Sa voix se fait de plus en plus lointaine et les traits de son visage aussi mais il y a parfois cette crampe qui me prends à l’estomac, cette montée de stress, d’adrénaline qui me retourne le cœur rien que de penser à lui.
Je ne crois pas au vieil adage « loin des yeux loin du cœur ». La distance distille certaines pensées, certains sentiments c’est vrai mais elle est parfois comme l’huile qu’on jette sur le feu. La brûlure se fait plus forte, plus vive et vous consume jusqu’à la destruction. Pourquoi s’accrocher au passé, à des sensations si éphémères et si volatiles ? Ne dit-on pas Carpe diem ? Qu’il est difficile de vivre et de profiter au jour le jour sans se soucier du passé tout en conservant l’expérience qui nous permet d’avancer et de mieux choisir. Mieux choisir ? Profiter ? Quelle solution facile à appliquer : ne jamais s’engager, ne pas s’impliquer et laisser les événements glisser sur nous. Quel divertissement ! Mais ça ne dure qu’un temps car je finis par trouver cela pathétique, triste et passablement ennuyeux. Nous consommons les êtres vivants comme nous le faisons d’un morceau de pain ou d’une télévision : ça ne fonctionne plus ? Qu’à cela ne tienne on va changer. Comme un vulgaire placébo nous traitons les signes visibles, les symptômes mais jamais nous ne traitons les causes réelles des problèmes. Pourquoi faire ? Il est tellement plus simple de reculer devant un obstacle, de le contourner plutôt que d’essayer de faire sauter certains verrous ou de chercher pourquoi cet obstacle ce dresse devant nous, à l’instant T. Pourquoi ne pas tenter de comprendre ou de trouver une solution ? Je reconnais qu’il est fatiguant de se battre en permanence pour essayer d’entrer dans le monde de l’autre et que parfois il n’y a rien à chercher ni rien à comprendre. Il me semble pourtant qu’un minimum d’efforts n’est pas une chose vaine. Bien au contraire.
Je me demande souvent pourquoi l’altérité nous effraie. Pourquoi tout le monde refuse de prendre des risques quelque soit le domaine abordé ? Ce qui nous échappe nous effraie mais nous attire aussi. Non ? Les enfants, les adolescents, les adultes se grisent de sensations fortes tous les jours. Mais la tendance actuelle ressemble plus à je fais un pas en avant, je me grise mais je ne me soûle pas ; des fois que je perde le contrôle ou que je découvre quelque chose qui me plaise et dont je ne parviendrai plus à me séparer ou à garder mes distances. La vitesse est grisante parce qu’interdite, parce que dangereuse, parce qu’elle donne cette sensation de liberté. Tellement de sensations, si éphémères soient-elles, nous portent vers un état d’extase où le monde environnant disparaît. Où plus rien ne nous paraît impossible. Vivez comme vous en avez envie et il y aura toujours un détracteur pour vous rappeler à l’ordre pour essayer de vous faire entrer dans sa réalité, dans son modèle parce que vous l’effrayez. C’est la situation que j’ai vécu lors du mariage de ma sœur. Je suis l’ainée, je suis célibataire, je papillonne et je ne vis pas en France. Quelle traitresse ! Mais ne serait-elle pas lesbienne ? Ou frigide ? En Espagne : quelle pétasse ! Elle plaît plus que nous et à nos amis en plus ! La petite Française entre dans un groupe non pas parce que les femmes ont donné leur accord mais parce que l’un d’entre eux en est amoureux. C’est mal ! C’est pécher ! Je ne respecte pas leurs schémas alors je suis le vilain petit canard ?
Je vous rappelle que le vilain petit canard se transforme en un cygne majestueux à la fin du conte alors peut être aurais-je un jour une chance de me racheter à leurs yeux ? Ou peut-être est-ce moi qui leur laisserai une chance de se racheter de toutes les saloperies qu’ils m’ont faites ou dites ? Et si ce jour-là était passé ? Si j’étais fatiguée de me justifier de mes choix, de leur pardonner le mal qu’ils m’ont fait ou qu’ils continuent de me faire ? Les phrases assassines, les rancœurs, les insultes, les tromperies et autres mensonges ?